Aider mon enfant à éviter l’échec scolaire

Votre enfant est anxieux à l’idée d’aller à l’école ? Il a de plus en plus de mal à suivre en classe et ses résultats dégringolent ? Si les apprentissages scolaires sont naturellement de la responsabilité des enseignants, la place des parents pour dépasser les difficultés et éviter l’échec scolaire est très importante. Que faire si votre enfant est en difficulté ? À partir de quand peut-on parler d’échec scolaire? Comment le prévenir ? Quelle est votre place de parents, aux côtés des enseignants, pour faire face à ces difficultés ? On fait le point avec Nicole Catheline, pédopsychiatre spécialisée dans le rapport des enfants à l’école.

Comment définir l’échec scolaire ?

Officiellement, un enfant est considéré comme en échec scolaire quand il a deux années de retard par rapport à la classe dans laquelle il devrait être scolarisé. Mais les enfants peuvent se sentir en situation d’échec sans avoir ces deux années de retard. Par ailleurs, cette définition est un peu caduque car il y a de moins en moins de redoublements aujourd’hui.

Je trouve qu’il serait plus juste de définir l’échec scolaire par le sentiment de l’enfant de ne pas être au niveau des autres, de ne pas comprendre et de ne pas être à la hauteur, tout en ayant l’impression que malgré tous ses efforts il n’y arrivera jamais.

Mais je ne parlerais pas d’échec scolaire avant neuf ans. Il peut y avoir des difficultés avant cet âge, mais il faut laisser le temps aux enfants de s’approprier les connaissances et ne pas leur coller d’étiquettes trop tôt.

Comment détecter les difficultés à temps ?

Un des premiers signes est le mal-être de votre enfant dès qu’il est question d’école. Quand vous lui demandez s’il a fait ses devoirs ou lui rappelez que la rentrée a lieu demain, si l’enfant développe des crises d’angoisse ou passe des nuits sans sommeil, il y a un risque de pérennisation du mal-être qui peut mener à terme à l’échec scolaire. Les petites réticences sont tout à fait normales, les enfants préfèrent souvent jouer que d’aller à l’école ! Mais si la réaction est plus forte, cela peut être un signe de réelles difficultés.

Si en complément, on constate une baisse des notes et que les enseignants trouvent que l’enfant peine à suivre, il y a un risque.

Que faire si son enfant ne veut pas apprendre ?

Quand il y a une situation de conflit, c’est bien de faire intervenir un tiers. Si les deux parents sont présents, on peut déjà tenter de faire intervenir le second parent : faire les devoirs avec l’un plutôt qu’avec l’autre, en tentant une toute autre méthode.

Dans les familles monoparentales, vous pouvez faire appel à un membre de la famille ou un enseignant à la retraite, par exemple. Si votre enfant fait preuve des mêmes difficultés, c’est que la relation personnelle à la personne avec qui l’enfant travaille d’habitude n’est pas la cause première, et qu’il y a éventuellement une cause psychologique plus importante.

Comment réagir face à ce risque ?

D’abord, il ne faut pas aller trop vite dans le diagnostic. Dire que l’enfant est en échec scolaire, ça tombe comme un verdict, un état dont il ne pourrait sortir. Dire qu’il a des difficultés et qu’on va tenter de les résoudre, ce n’est pas la même chose.

Ensuite, il ne faut pas se précipiter sur une seule hypothèse. Il faut balayer toutes les origines possibles car les causes peuvent être multiples : psychologiques, relationnelles, sociales, cognitives ou médicales. Parfois, cela peut être un problème de vue : l’enfant ne voit pas bien le tableau, cela lui donne mal à la tête et il n’arrive pas à suivre. C’est peut-être un problème lié à la situation familiale, ou encore une situation de harcèlement avec d’autres élèves.

Vous pouvez également faire un bilan. En tant que parents, c’est essentiel de rencontrer les enseignants pour en parler. Mais attention, certains enfants prennent sur eux et il se peut que les enseignants ne s’aperçoivent pas de la situation de mal-être. Appuyez-vous aussi sur les professionnels de santé : allez voir un ophtalmologue, un médecin, un psychologue. partir de là, vous allez trouver des pistes pour agir. Il ne faut pas non plus chercher à tout régler en même temps. Vous pouvez essayer de hiérarchiser les solutions au problème, d’y aller petit à petit et de bien expliquer toutes les étapes à votre enfant. Par exemple, vous pouvez commencer par du soutien scolaire, puis un suivi psychologique, ou l’inverse.

C’est très important également de redonner confiance à votre enfant sur ses autres compétences et ne pas s’acharner sur ce qui est compliqué pour lui. Il ne faut surtout pas le priver des activités de loisirs, grâce auxquelles il développe des compétences autres que les compétences scolaires et dans lesquelles il s’épanouit. C’est une erreur qu’on a trop faite dans le passé !

Je crois aussi que les parents doivent se libérer, de leurs propres représentations de l’enfant idéal. Certains enfants sont bons à l’école, d’autres sont très manuels ou ont une grande intelligence émotionnelle. Il faut valoriser cela. Le système scolaire tel qu’il est favorise les savoirs intellectuels. Mais un professeur agrégé de littérature sera bien embêté s’il n’a pas de garagiste lorsque sa voiture tombe en panne ! On a tous besoin les uns des autres.

Quels outils les parents peuvent-ils mobiliser ?

Les livres et les films évoquant des histoires similaires peuvent être très utiles. Une des plus grandes peurs des enfants est de se sentir seuls, de se dire que tous les autres y arrivent et pas eux.

Quand on raconte des histoires aux enfants qui parlent de ce qui les touche, ils arrivent à en parler car ils ne se sentent plus seuls.


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Nicole Catheline est pédopsychiatre. Elle a travaillé tout au long de sa carrière sur les relations entre les enfants et l’école, se spécialisant sur l’échec scolaire, la phobie scolaire et le harcèlement. Elle est présidente du conseil scientifique de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et disciplines associées.


Les ressources pour accompagner son enfant :

À lire :

  • “Souffrances à l’école”, l’un des livres de Nicole Catheline, éditions Albin Michel
  • “Sortir de l’échec scolaire, un guide à l’usage des parents”, Louis Musso, éditions Grancher
  • “Échec scolaire : la grande peur”, Julie Chupin, éditions Autrement

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