Qu’ils soient heureux : c’est souvent la première chose que l’on souhaite pour ses enfants. Mais comment peut-on agir au quotidien pour favoriser le bonheur de nos enfants ? Y a-t-il une recette magique ? Est-ce que ça s’apprend, le bonheur ? Pour Béatrice Mabilon-Bonfils, sociologue et directrice du Labo de recherche BONHEURS de l’Université de Cergy-Pontoise (Bien-être, Organisations, Numérique, Habitabilité, Éducation, Universalité, Relations, Savoirs), la réponse est claire : oui, le bonheur s’apprend et se travaille au quotidien… facilement, en douceur et sans pression !
C’est quoi, le bonheur ?
C’est une question complexe car il existe évidemment une pluralité de dimensions. C’est d’abord un vécu subjectif, un sentiment de bien-être qui dépend d’une pluralité de facteurs dont certains sont matériels et d’autres de l’ordre du ressenti.
Ce sentiment de bien-être et de satisfaction peut être éprouvé dès la naissance. Mais le bonheur, cela s’apprend : ce qui nous intéresse dans nos recherches, c’est de comprendre comment les parents et les autres adultes qui entourent l’enfant peuvent se saisir de la notion de bonheur.
Car si les conditions matérielles entrent en jeu, il existe aussi des conditions relationnelles qui vont avoir un fort impact dans la capacité des enfants à être heureux. Cela veut dire que les parents ont un rôle important à jouer : ils vont pouvoir « activer » et favoriser le bonheur de leurs enfants. Et tout cela s’apprend au quotidien !
Comment les parents peuvent créer un environnement propice au bonheur ?
La première chose à faire, c’est d’abord de prendre soin de soi : se mettre une pression excessive serait contre-productif. Car le problème, c’est que si l’on donne tout pour son enfant, on attend aussi beaucoup en retour. Certains parents vont alors dire à leur enfant : « Après tout ce que je fais pour toi, c’est comme ça que tu me remercies ? » Donc il faut relâcher la pression, ne pas vouloir faire le maximum tout le temps, et accepter qu’il n’y ait pas toujours les résultats que nous attendons.
Il y a aussi des parents « chasse-neige » qui vont aplanir toutes les épreuves de la vie pour leur enfant. Ils vont les protéger de tout, faire à leur place les choses vues comme « dangereuses », les empêcher d’explorer seul de nouvelles choses. L’enfant va en garder l’image que le monde est dangereux et qu’il n’est pas capable de l’affronter seul.
Il y a donc, d’abord, un petit pas réflexif à faire chez tout parent pour éviter de créer ce sentiment de dette chez l’enfant et ne pas se mettre la pression pour être un parent parfait. C’est important de ne pas tout faire à la place de l’enfant et d’accepter les erreurs : les siennes et celles de ses enfants. C’est en se trompant qu’on apprend !
Le bonheur se développe sur le temps long, dans le quotidien, et notamment grâce à la relation entre les enfants et les adultes. Le parent a un rôle de guide pour l’enfant dans les défis du quotidien : s’il a des difficultés en maths ou se chamaille avec sa sœur, on peut lui demander : qu’est-ce qu’on peut faire ? Est-ce qu’on peut discuter ensemble des solutions à trouver ?
Comment mettre en place de petites choses au quotidien ?
On peut mettre en pratique « le savoir de la relation » qui s’apprend par une série de petites choses qui ne sont pas compliquées à mettre en place au jour le jour.
Par exemple, un arbre à bonheur : on construit un arbre en carton ou on le dessine sur une grande feuille et on nomme ses branches : la branche « les choses que j’aime », la branche « je suis capable de », la branche « gratitudes », la branche « les petits bonheurs », etc. On peut inventer toutes les branches que l’on veut.
On colle ensuite des post-it dessus au quotidien. Et tous les mois, par exemple, on peut faire un joli moment de partage. Cela permet de conscientiser ce qui nous rend heureux. Car le problème c’est que nous, les êtres humains, avons ce réflexe archaïque qui nous invite à repérer d’abord les risques et les dangers. C’est comme cela que nos ancêtres ont pu survivre. Mais cela fait qu’on polarise davantage sur le négatif.
On peut faire aussi le jeu des points positifs : chacun écrit trois points positifs sur l’un des autres participants. Il le lit et raconte une situation dans la vie réelle qui montre cette qualité chez la personne.
Avant de se coucher, on peut installer le rituel des trois petits bonheurs par jour, ou l’on va raconter trois belles choses qui se sont passées dans la journée, pour s’endormir sur du positif et éviter les idées angoissantes qui peuvent surgir la nuit.
On peut aussi chercher avec les enfants l’Ikigai, c’est-à-dire l’équilibre, selon une philosophie japonaise. Nous sommes, selon cette philosophie, basés sur quatre cercles : la passion, la vocation, la mission et la profession. On cherche l’équilibre entre ce qu’on aime (la passion), ce pourquoi on est doué (la vocation), ce dont le monde a besoin (la mission), et ce pour quoi on est payé (la profession), ce dernier cercle concernant un peu moins les enfants bien évidemment. Mais on peut jouer à construire ces cercles avec eux.
Les études montrent aussi l’importance de la gratitude dans le bonheur. C’est une compétence psychosociale essentielle : plus on exprime sa gratitude, plus on est heureux. On peut donc faire repérer aux enfants, et cela au-delà de l’injonction de dire merci, ce qui leur a fait plaisir dans la journée et demander s’ils ont remercié ceux et celles qui en sont à la source.
Béatrice Mabilon-Bonfils est sociologue et dirige le Labo de recherche Bonheurs de Université de Cergy-Pontoise (Bien-être, Organisations, Numérique, Habitabilité, Éducation, Universalité, Relations, Savoirs)
Les ressources éducatives pour accompagner votre enfant :
À lire
« Le grand livre du bonheur pour les enfants », de Leo Bormans, éditions Glénat Jeunesse
« L’Enfant, la Taupe, le Renard et le Cheval », de Charly Mackesy, éditions les Arènes
« Les superpouvoirs de la pensée positive », de Christine Sallès, Ideo éditions
Les ressources éducatives pour accompagner votre enfant :
À lire
« Le grand livre du bonheur pour les enfants », de Leo Bormans, éditions Glénat Jeunesse
« L’Enfant, la Taupe, le Renard et le Cheval », de Charly Mackesy, éditions les Arènes
« Les superpouvoirs de la pensée positive », de Christine Sallès, Ideo éditions